X - Nous, ici et maintenant.
En 1981, mon premier
salaire était faible, nous étions en crise, le PIB français était de 500
milliards. En 2017, nous sommes toujours en crise le PIB est de 2200 milliards.
Ce n’est pas une crise, c'est soit une maladie chronique, soit une tragédie
dans le genre du « Malade imaginaire » ?
Paradoxalement, il n'y
rien de nouveau sous notre soleil. On est dans la continuité des comportements
humains. Nous ne sommes pas plus dégénérés qu'il y a 100, 1000 ou 2000 ans.
Mais la connerie est mondialisée, même des Inuits subissent les pollutions des
E.U. Et nous sommes juste plus nombreux à nous taper dessus et à taper sur l’environnement.
Quelle est la nature[1]
de l’humain ?
Un humain est un
animal singulier adapté à son environnement et à la société dont il est issu.
Il est un être assoiffé de liens avec ses congénères via la coopération,
l'imitation, la reconnaissance.
Un humain est modelé
par son milieu.
Les habitudes sociétales
ont une influence majeure sauf pour quelques-uns – en effet mystérieusement
certains échappent à l’uniformisation – Bourdieu parlait « d'Habitus ».
Mettre ses pas dans les pas de son père est le meilleur moyen de ne jamais
trouver son propre chemin. Les plus jeunes doivent écouter les expériences des
anciens et fort de ces éclairages, ceux qui représentent l’avenir décideront.
Surtout dans les périodes agitées car « Il ne faut pas compter
sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre » Einstein
Une société est modelée par les humains.
Expérience sensorielle :
Au bout de 5 minutes dans une pièce, on ne sent plus une odeur dégoûtante de
prime abord. Je fais le parallèle avec ce qui se passe dans nos sociétés ou
l’on accepte l’intolérable avec une déconcertante facilité.
L'humain est comme tous
les animaux, un être d'habitudes.
L'illusion de sécurité
donnée par des actions répétitives empêche d’imaginer une alternative.
Logiquement, nos milliards de neurones devraient nous permettre une auto-analyse
puis une remédiation. Souvent ce n'est pas le cas et nos réactions nous
échappent. La colère, par exemple, est une réponse automatique du cerveau. Cet
organe pense avoir déjà vécu, enfant, la situation et choisit donc, par efficacité,
la répétition. Hélas, à 30 ans nous pourrions avoir une réponse plus adaptée
que celle choisie par le gosse de 3 ans que nous fûmes.
Il est très difficile de
changer les comportements automatiques d'un cerveau avide de sécurité. Le
bateau file sur un iceberg mais il paraît plus risqué à l'humain normalement
borné, de sauter sur l'autre bateau pour l'éviter ; notre cerveau, rassuré par
les habitudes, s'y oppose instinctivement. Mais, il suffirait qu'un quart des
passagers sautent sur l'autre esquif pour que les trois-quarts suivent comme
des moutons. C'est comme cela que se font les changements de paradigme, les
révolutions, les évolutions sociétales. Comme durant la Commune de Paris, ou une
minorité « d'illumineux », dont Vaillant, ont décidé de la gratuité
et de la laïcité de l'éducation. Ils ont aussi voté les lois de séparation des
églises et de l'état, validée 35 ans plus tard et encore l'abolition de la
peine de mort, votée 110 ans plus tard. Et même l’interdiction du travail de
nuit alors que notre époque moderne bat des records de travail en 3X8 ou en
5X8 !! Comme quoi, il suffit d'être patient pour décoloniser/déscolariser
l'imaginaire.
L'humain se différencie des animaux par une forte capacité d'anticipation. Cette
capacité induit qu’il a peur de la mort. Et plus il a à perdre, plus il a peur
et ça peut aller jusqu'au déni de sa nature mortelle : les très vieux bourgeois
se croyant, mordicus, indispensables remplissent nos écrans et nos assemblées.
Le déni de la mort, la
difficulté à assumer notre limite implacable pousse à la démesure (hybris), à
la consommation effrénée, à l’autodestruction. Le vide existentiel sera comblé
par l'accumulation et comme le riche a plus à perdre en mourant que le pauvre,
il sera le garant de ce système mortifère.
Un autre problème est
lié au complexe de Prométhée : entre ce que la pensée peut faire, comme
soulever des montagnes, et la réalité matérielle et physique, il y a une marge
incommensurable.
S’accepter imparfait,
éloigné de son idéal mental est souvent douloureux. Pour compenser notre
complexe, nous multiplions les créations technologiques et avons l'illusion
d'être le grand créateur, le grand architecte. Enfin, on flatte notre ego.
De nos jours, la guerre
économique pousse à toujours plus de compétitivité. Ce n'est pas humain, cela
perturbe notre essence vitale. Notre Être est profondément convivial, nous
sommes des coopérateurs nés. Naturellement, cela nous épanouit, c'est une
raison de vivre.
Si nous manquons de
liens, la consommation va nous relier. Ouvrir un frigo pour prendre une canette
de soda est un geste mimétique rassurant.
Si nous manquons de
reconnaissance, le travail va nous intégrer à la communauté. L'autorité nous
félicite, notre production est au service du bien-commun. Dès lors il est assez
simple de jouer sur nos émotions, d'utiliser nos frustrations : de gré,
grâce à la propagande, ou de force, tout devient payant, la plèbe est embarquée
dans la société de consommation.
Si les révolutions n'ont pas abouti c'est que la
plèbe rêve d’accéder aux mêmes privilèges que l'élite.
Vouloir un changement en
copiant la société de l'hybris[2]
est vain.
Créons une alternative à la société de la démesure,
doutons
des valeurs avariées de nos oligarques.
« Ce n'est pas le
doute qui rend fou : c'est la certitude. » Nietzsche
Dans une société aux
valeurs inversées, les individus pétris d'angoisse existentielle et donc
entourés de milliers d'objets sont repérés pour leur réussite. Pour s’enrichir,
les héritiers d’ancêtres voleurs ou guerriers perpétuent les traditions. La guerre étant aujourd’hui économique, ils
investissent dans les actions.
Evidemment, les actions
des Autres, leurs employés, leurs subordonnés. Les actions, les mal nommées,
rapportent sans rien faire ; il suffit d’imposer aux Autres de faire. Certains
suivent naïvement le « travailler plus pour gagner plus », il
correspond tellement aux frustrés de puissance, aux jaloux des riches.
Pour que les oligarques
s'amusent ou pour que certains aient un métier génial comme astronome ou
astronaute, rarement accessible aux filles d'ouvriers, l'immense majorité
sacrifie sa vie à répéter la même chose, en obéissant et en s’abîmant la santé.
Les habitudes rassurent
mêmes si elles sont néfastes. L'Habitus, l'imitation de l'Autre fait adhérer
à l’inacceptable société néolibérale (1). L'immense qualité du
post-capitalisme est sa capacité à tout assimiler, à tout récupérer alors que
sa nature conservatrice l’empêche de créer. Malgré leurs inventions, leurs expérimentations,
leurs alternatives concrètes les Résistants (2) en lutte contre un modèle
pourtant sans issu sont attaqués, stigmatisés, emprisonnés.
Fondamentalement, un
riche a une paresse intellectuelle et une étroitesse d’esprit : moins on a
à s’adapter moins on est intelligent et moins on met ses sens en exergue moins
on est sensible. Les générations de privilégiés n'ayant rien à inventer,
contrairement à un nécessiteux sinon il meurt, ont dégénéré, en plus, ils se
marient entre eux.
Nos sociétés sont gérées
depuis toujours par des psychopathes. S'ils ne le sont pas dès leur enfance, le
pouvoir révélera la maladie.
Ce jeu de pouvoir ne
peut pas attirer un être sain.
L'outil de leur
domination n'est plus l'armée, c'est l'argent. L'argent dispense de tout.
L'argent achète des serviteurs en rêve d'enrichissement. Ces oligarques
psychopathes organisent nos sociétés productivistes en poursuivant les mêmes
objectifs que les pharaons avec leurs délires pyramidaux. Ils ont juste
remplacé ou additionné le Dieu Progrès aux Dieux des cieux. Et la plèbe suit.
Depuis 50000 ans nos
sens se sont avilis. Nos gènes dégénèrent, notre ADN que l'on pensait immuable
varie en fonction de son environnement, c'est l'épigénétique. Depuis si longtemps, le peuple est élevé pour
être obéissant et les femmes encore plus obéissantes. Selon certaines
expériences le striatum, organe du cerveau distribuant une hormone de
récompense, est activé quand la fille donne… mais quand le garçon prend. Mais
ce n’est qu’imitation donc éducable. Nous pouvons donc renaitre.
« La femme esclave ne
peut élever que des esclaves » André
Léo, communarde, écrivain et journaliste à « La sociale »,
1871.
Les animaux domestiqués
ont perdu de l'agressivité et de l'acuité sensible. Le cheval domestiqué a
moins d'odorat et le cerveau plus petit que son homologue sauvage. Pour
s'assurer le contrôle d'un humain, la meilleure idée est de lui confisquer son
corps et de jouer sur ses frustrations. Dès la naissance (3) puis par
l'école (4) ensuite par l'environnement sociétal du jeune (5) puis
tout naturellement, le pli de la soumission étant pris, par le
travail/salarié (6) lié à l'argent (7).
Pour profiter de la
retraite, mieux vaut être un sénateur, un ouvrier est usé par son travail, il
sera vite mort (8).
« Le journaliste, c’est le curé de l’ancien régime, très
efficace pour maintenir les populations… ça a marché pendant un moment. »
Annie
Lacroix-Riz
[1]
Même étymologie que « Naître ».
[2]
Hybris ou hubris, veut dire démesure en Grec, l’opposé est tempérance ou
modération.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire